« Le pétrole ne s’épuise pas, en fait, il est partout — nous en avons plus qu’assez pour faire frire la planète. Mais à mesure que le marché du pétrole facile et bon marché a plafonné, les coûts de production ont grimpé en flèche. En conséquence, le pétrole le plus cher à produire est devenu de moins en moins rentable.
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Ce changement mondial ne signifiait pas que le pétrole s’épuisait, mais que nous devenions de plus en plus dépendants de formes plus difficiles et plus coûteuses de pétrole et de gaz non conventionnels. La meilleure façon de comprendre ce changement est de recourir au concept de Taux de Retour Energétique (TRE), mis au point principalement par le professeur Charles Hall, spécialiste de l’environnement à la State University of New York, un rapport qui mesure la quantité d’énergie utilisée pour extraire une quantité particulière d’énergie d’une ressource. Hall a montré qu’en consommant des quantités d’énergie de plus en plus grandes, nous utilisons de plus en plus d’énergie pour le faire, laissant moins “d’énergie excédentaire” à la fin pour soutenir l’activité sociale et économique.
Cela crée une dynamique contre-intuitive — même si la production augmente, la qualité de l’énergie que nous produisons diminue, ses coûts sont plus élevés, les profits de l’industrie sont réduits et l’excédent disponible, pour soutenir la croissance économique continue, diminue. A mesure que l’énergie excédentaire disponible pour soutenir la croissance économique est comprimée, en termes réels, la capacité biophysique de l’économie à continuer d’acheter le pétrole même qui est produit diminue. La récession économique (en partie induite par l’ère précédente de flambée des prix du pétrole) interagit avec le manque d’accessibilité du pétrole, entraînant l’effondrement des prix du marché.
Cela rend les projets pétroliers et gaziers non classiques les plus coûteux potentiellement non rentables, à moins qu’ils ne puissent trouver des moyens de couvrir leurs pertes au moyen de subventions externes, telles que des subventions gouvernementales ou des lignes de crédit prolongées. Et c’est la principale différence entre le Venezuela et des pays comme les États-Unis et le Canada, où les niveaux extrêmement bas d’EROI (TRE) pour la production ont été maintenus en grande partie grâce à des prêts massifs de plusieurs milliards de dollars — alimentant un boom énergétique qui est susceptible de prendre fin lorsque le dindon de la dette rentrera au bercail.
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En fait, la production américaine de pétrole et de gaz de schistes devrait atteindre son apogée dans une dizaine d’années — ou dans quatre ans à peine. Il n’y a pas que les États-Unis. L’Europe en tant que continent est déjà bien avancée dans la phase post-pic, et les responsables du ministère russe du pétrole s’attendent à un pic imminent dans les prochaines années. A mesure que la Chine, l’Inde et d’autres puissances asiatiques connaîtront une nouvelle croissance de la demande, tout le monde recherchera de plus en plus un approvisionnement énergétique viable, que ce soit au Moyen-Orient ou en Amérique latine. Mais ce ne sera pas bon marché, ni facile. Et ce ne sera pas sain pour la planète.
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Actuellement, le peuple vénézuélien est enfermé dans un cercle vicieux de systèmes humains bancals qui s’effondrent en de violents combats internes, induite par la crise sous jacente du système terrestre. Il n’est pas encore trop tard pour que le reste du monde en tire une leçon. Nous pouvons soit être entraînés dans un monde de l’après pétrole violent et douloureux, soit nous retrousser les manches et y aller de manière volontaire. C’est vraiment à nous de décider. Le Venezuela devrait servir de signal d’alarme de ce qu’il peut arriver lorsque nous enfouissons notre tête dans le sable (pétroliers). »
L’article au complet : https://medium.com/@jmj.fanpage/nafeez-ahmed-leffondrement-du-venezuela-est-une-illustration-de-la-fa%C3%A7on-dont-l-%C3%A2ge-du-p%C3%A9trole-18c5d61e3ca3